Dounia, bénévole depuis janvier 2018

Dounia est bénévole. Elle accueille et guide les personnes en grande précarité qui sont en attente de logement.

« Un de mes souvenirs marquant est Monsieur B. Il vit dans une caravane avec son chien. Il est très touchant et attachant. Il m’a fait beaucoup rire. C’était un peu les montagnes russes avec lui, un coup il me faisait rire, un coup il me faisait pleurer. Je lui ai dit « écoute, je suis trop maquillée et si je pleure, et le maquillage part, personne ne va me reconnaître dans le couloir ». Il était mort de rire. C’est quelqu’un de très simple, il a fait des études. Il est dans le naturel et quand je lui ai parlé du maquillage, il a trouvé ça drôle. Je lui ai dit qu’il fallait que je raccroche car j’avais passé 2 heures au téléphone avec lui. Grâce à lui, on m’a acheté un kit main libre de standardiste professionnelle car je passais trop de temps au téléphone avec lui, et j’avais mal aux mains à la fin.

Une autre personne marquante est une dame âgée brésilienne qui vit à Paris depuis un moment. Elle est inspirée par Christina Cordula, (conseillère en mode), et les reines du shopping (émission de mode). Elle aime beaucoup la mode. Elle a une situation difficile, mais pourtant elle est restée digne, propre, belle. Les assistantes sociales lui reprochaient d’être trop propre, qu’elle n’avait pas l’air d’être dans la rue. Avec moi, elle a tout oublié. Elle m’a parlé de sa vie, de son chéri. Je ne lui ai pas fait de reproches, je l’ai écoutée. On a échangé longtemps sur la mode, sur sa situation, sur ses vacances. Elle m’a envoyé un mail avec des photos de ses vacances. Elle m’a recontacté plus tard et je l’ai orientée vers une autre association pour qu’elle parte en province. Elle m’a dit « Tu sais Dounia, je suis fichée S chez les assistantes sociales, quand elles me voient, elles ne veulent pas m’aider parce que je n’ai pas l’air d’être dans la rue ». Je lui ai dit « Avec moi, tu peux m’appeler quand tu veux ».

Un autre moment marquant est la demande en mariage de Monsieur K. C’est un jeune papa fraîchement divorcé qui m’a appelée car il cherchait un endroit plus adapté pour recevoir son fils, dont il a la garde alternée. Je lui ai trouvé une association. Après, il m’a rappelé pour me dire que cela avait marché avec l’association et qu’il cherchait un logement plus adapté. Puis il a commencé à me parler de sa vie, comme quoi il était gentil et beau. Il m’a dit que le courant passait tellement bien, qu’il voulait m’inviter à boire un verre et venir à SNL demander ma main auprès de mes collègues! C’était trop gênant… J’ai été moi-même. Je lui ai dit que ça n’allait pas être possible. Il m’a rappelé quand même et m’a laissé un message pour me dire qu’il avait postulé à SNL et qu’il attendait une réponse.  Il tenait à nos discussions, pour lui c’était une sorte de thérapie. »