Pierre, ancien directeur de SNL Val de Marne

« Mes 10 ans passés à travailler à Solidarités Nouvelles pour le Logement évoquent de nombreux souvenirs.

La rencontre avec des locataires hauts en couleurs : André, Mickey, Claudio… et tous les autres, plus discrets, tous attachants. Je me souviens de  la visite de l’appartement insalubre que Maria avait pu enfin quitter, une chambrette humide sous les toits, face aux quais de la gare de Saint-Maur. Son intense émotion en entrant dans le logement de SNL, un « vrai » logement, tout neuf, avec des bénévoles si accueillants et chaleureux, qui avaient disposé un bouquet de fleur sur la table…

 

Les confidences du directeur du centre d’action sociale d’une commune notoirement connue pour son refus du logement social, qui fustigeait ces gens qui selon lui  « faisaient de nombreux enfants, puis se séparaient alors qu’ils n’en avaient pas les moyens » et demandaient à la collectivité de leur attribuer deux grands logements pour les gardes alternées. Lui qui avait quatorze enfants, il savait de quoi il parlait…

Les rencontres riches avec les bénévoles : ceux, rares, avec qui les tensions étaient régulières et la grande majorité avec qui se sont nouées des amitiés, qu’ils aient 30 à 80 ans. Il fallait motiver les nouveaux pour qu’ils s’investissent avec nous sur le projet de SNL et j’étais étonné à chaque fois que certains acceptaient de nous faire confiance, d’entrer dans l’aventure avec nous et d’y mettre eu aussi leur énergie.

Il y a eu des galères pas croyables pour acheter certains logements, des copropriétaires qui nous mettaient des bâtons dans les roues, des dossiers complexes qui mettaient des années à aboutir… Je vivais à chaque fois comme un petit miracle le fait de parvenir à acheter des logements, avec des dons qui tombaient du ciel, avec des montages financiers qu’il fallait tordre dans tous les sens pour parvenir à équilibrer les opérations. Rassembler les fonds pour un logement ça paraissait déjà démesuré ; mais plus ça allait plus on en produisait !

J’ai découvert des gens investis, engagés, qu’ils soient bénévoles ou salariés. J’y ai moi-même dépensé une grande énergie, d’innombrables soirées… Heureusement que je n’avais pas charge de famille à l’époque !

Et puis surtout, il y avait le bonheur de réfléchir, de débattre, tant avec les bénévoles qu’avec les collègues, de tout remettre sans cesse à l’ouvrage, de partager des réflexions politiques ,voire philosophiques avec les Primard… Nous étions passionnés, et je n’ai pas eu l’occasion de retrouver ça depuis. SNL est une association qui a vraiment une âme.

J’ai eu le bonheur de voir grandir l’association Val-de-Marnaise, portée sans relâche par des bénévoles comme Sophie et Serge-Henry Fourestier, ou encore Denis Laurent, tellement passionné qu’il était à la fois bénévole « pilier » dans le Val-de-Marne en plus de son intense travail comme directeur de SNL Paris !

Depuis mon départ en 2015 l’association a grandi à un rythme incroyable : je suis épaté. Et elle a réussi à garder son âme ! Bravo à vous tous, qui continuez à faire vivre ensemble cette si belle aventure. »