Une chaîne de solidarité
Quand Monsieur C. est arrivé en France, son épouse et sa fille y étaient déjà. Durant son parcours entre l’Italie et la région parisienne, il avait connu toutes les situations de détresse. L’obtention d’un titre de séjour est vite devenue un cauchemar. Après tant de galères, sa famille a trouvé un havre de paix dans un logement SNL à Verrières. En un an, ils ont pu ainsi rebondir et repartir dans la vie.
SNL : Pouvez–vous nous décrire comment vous êtes arrivé à Massy ?
Monsieur C. : J’ai rapidement trouvé du travail bien que sans papier. Entre l’Italie et la région parisienne. J’avais connu la rue, l’hébergement provisoire chez une connaissance, l’hôtel du 115 qui vous met à la porte à 7h30 du matin avec une gamine de 18 mois. Sans logement stable et sans situation régulière, j’étais sur le point de perdre mon travail et en train de plonger. Le Secours islamique m’a conseillé de m’adresser à la CIMADE. C’est là que j’ai rencontré Madame Martine, qui m’a accompagné pendant un an dans toutes mes démarches administratives. Elle m’a conseillé de m’adresser à SNL pour le logement.
SNL : Dans votre détresse, vous avez été aidé par plusieurs associations humanitaires. Comment avezvous vécu cela ?
C. : Sans cette chaîne de solidarité, nous n’aurions jamais pu nous en sortir. Durant tout ce parcours, j’ai appris ce que le mot AIDER signifiait. Aider quelqu’un, c’est l’accompagner pour franchir les obstacles, et ce n’est jamais « petit ». Dans la vie il y a des étapes. Les mains qui se tendent nous aident à nous redresser, elles nous soulèvent.
C’est cette chaîne humaine qui nous a sauvés : le Secours islamique m’a aidé à franchir un cap psychologique, la CIMADE à me battre pour mes papiers, et SNL, en donnant un toit à ma famille, nous a permis de redémarrer une vie dans la dignité. Quand on est à la rue, on n’a plus confiance en rien. On nous a promis tant de choses, ballotés tant de fois pour les papiers, entre deux hébergements d’urgence… Un SDF, à la rue, se méfie même des autres sans abri qui partagent pourtant la même misère que lui. Rejetés par tous, ils ont l’impression de n’être plus personne.
SNL : Quel est votre message pour les bénévoles et les amis de SNL ?
C. : La bienveillance des bénévoles de SNL, de Monsieur Jean qui nous accompagnait, de Monsieur Frédéric qui savait si bien nous comprendre, tout cela nous a permis de reprendre confiance en nous. Au début, nous n’arrivions pas à croire qu’on ne nous remettrait pas à la rue un jour ou l’autre ! L’arrivée dans ce logement a métamorphosé notre vie. J’ai vite retrouvé plus de travail, ma fille a été inscrite à l’école…
Aujourd’hui, nous ne sommes plus locataires de SNL et je veux continuer la chaîne et aider à mon tour. Mais surtout, je voulais vous livrer mon message : ayez tous conscience que par vos gestes, vous redonnez la vie. Souvent je me demande : « et si SNL ne m’avait pas aidé ? ». Vous ne vous imaginez probablement pas à quel point toute votre aide est importante. Vous êtes tous différents, mais unis comme les cinq doigts de la main… et comme eux, vous êtes tous nécessaires !
Vous êtes unis dans un même but solidaire, et cela se voit. Un proverbe malien dit « Quel que soit le pouvoir que tu auras, quelle que soit ta force, avant de te vanter dis d’abord merci à ta maman ! ». Vous êtes comme une seconde mère, vous redonnez la vie !
Propos recueillis par Michel Enjalbert et Sophie Elie
GLS Massy et Verrières